«
Mais le Langage ne peut quoi qu’il en soit être congédié. L’esprit incarné, la langue et le conte sont égaux dans notre monde. L’esprit humain, imparti des pouvoirs de généralisation et d’abstraction, ne voit pas seulement l’herbe-verte
, la distinguant d’autres choses (et la trouvant belle au regard), mais voit qu’elle est verte
tout autant qu’elle est herbe
. Mais combien puissante, combien stimulante à la faculté même qui l’a produite, fut l’invention de l’adjectif : aucun sort ou incantation de Faërie n’a plus de pouvoir. Et cela n’est pas surprenant : ces incantations pourraient en effet être considérées comme une autre vue des adjectifs, une partie du discours dans une grammaire mythique. »
1)
olkien n’a jamais explicité précisément sa philosophie linguistique. En revanche, il a souvent insisté sur l’importance qu’ont eu ses langues inventées sur ses récits et sur le lien nécessaire entre langue, mythologie et culture. C’est au travers des indications qu’il a laissées dans son œuvre qu’il est possible de reconstituer ses théories philologiques. Aucune interprétation littéraire de Tolkien ne peut passer outre cet aspect, vu les efforts incessants consacrés à l’élaboration de ces langues et l’entremêlement des récits et de l’histoire interne des langues elfiques. Cette section s’efforce donc de mieux cerner le rôle philosophique du langage chez Tolkien.
J.R.R. Tolkien — 2007 édité par Christopher Gilson
ambar « monde » ; umbar « destin ». Ces mots semblent avoir été étroitement apparentés à l’origine. Umbar était le nom quenya de la lettre , qui, dans l’usage quenya, avait la valeur mb ; ce mot fut sélectionné car les noms de ces combinaisons très utilisées, mais jamais à l’initiale en quenya, étaient des mots sans consonne initiale précédant les mb, nd, ñg ; la voyelle u était préférée avant m ou ñq, ñgw comme unque, ungwe, mais pour mp (ampa) aucun exemple n’était disponible.
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