Le couchant qui flamboie dans ses claires prunelles,
Délicieux incendie de son âme transie,
Sur les palais ruinés d’elfes évanouis
Promène son reflet écarlate et rebelle.
Le Beleriand entier à son évocation
Se débat, convulsif, contre une peur atroce,
Et jusqu’aux bataillons de gobelins féroces
Craignent ses appétits, ires et déraisons.
À son regard terrible aucun mortel jamais
N’a pu, sans engendrer de grands maux, se soustraire,
Et l’insatiable goût qu’il a pour la misère
Le pousse à rechercher de morbides marais.
Glaurung ! nom rocailleux, et cœur de pierre roide,
Glaurung ! vers malfaisant aux funestes destins,
Parmi les joyaux purs de tes trésors éteints
Combien de nobles vies et de dépouilles froides ?
Nargothrond tout fumant s’endort dans le silence
Absolu de la mort qui couve dans son sein ;
Le flamboiement furieux de ce monstre malsain
S’étouffe dans la nuit complice et sans méfiance.