«
L’un des Orques assis non loin rit et dit quelque chose à l’un de ses compagnons dans leur abominable langue. “Repose-toi tant que tu le peux, petit imbécile !” lança-il ensuite à Pippin dans le parler commun, qu’il rendait presque aussi hideux que sa propre langue. “Repose-toi tant que tu le peux ! Nous allons bientôt trouver un usage pour tes jambes. Tu vas souhaiter n’en avoir jamais eu avant qu’on arrive à la maison.” »
1)
’orquien est le nom donné à l’ensemble des dialectes parlés par les Orques. À l’origine, les Orques ne possédaient pas de parler qui leur soit propre. Ils « prenaient ce qu’ils pouvaient des autres langues et le pervertissait à leur contentement ; pourtant ils ne créèrent que des jargons brutaux, à peine suffisants même pour leurs propres besoins, sauf quand il s’agissait de malédictions et d’insultes. »2). Mais comme les Orques détestaient jusqu’à leur propre race, l’orquien dégénéra rapidement, et se scinda en « autant de dialectes barbares qu’il existait de groupes ou d’établissements de leur race, ce qui fit que le parler orquien leur était de peu d’aide pour converser de tribu à tribu. »3) L’un des rares termes orquiens anciens qui soit attesté est le nom Golug « Ñoldo »4), manifestement dérivé du sind. Golodh, pl. G(o)elydh5).
Au cours des Années Sombres, Sauron inventa le parler noir, qu’il désirait voir devenir la langue de tous ceux qui le servaient. Mais après la victoire de la Dernière Alliance, parler noir fut oublié de tous ou presque, bien que de nombreux mots isolés comme ghâsh « feu » soient entretemps passés dans la langue orquienne. Lorsque Sauron recouvra sa puissance, parler noir, ou plutôt une version avilie de celui-ci, redevint la langue utilisée par les Orques de Barad-dûr6). La malédiction de l’Orque du Mordor appartient à cette dernière variété : « Uglúk u bagronk sha pushdug Saruman-glob búbhosh skai. »7)
Cependant, les Orques utilisaient principalement le westron pour communiquer entre tribus, et à l’époque de la Guerre de l’Anneau, « nombre des plus anciennes tribus, comme celles qui s’attardaient toujours dans le Nord et dans les Monts Brumeux, utilisaient depuis longtemps le westron comme leur langue natale, quoique de façon à le rendre à peine moins détestable que l’orquien. Dans ce jargon, tark “homme de Gondor” était une forme dégradée de tarkil, un mot quenya utilisé en westron pour ceux de descendance númenórienne ». La langue des Orques était « tellement remplie de sons discordants et hideux et de mots infâmes, qu’elle était difficile à maîtriser pour d’autres bouches, et de fait, rares étaient ceux qui voulaient s’y essayer8). Tolkien précise même que le parler des Orques était « plus ordurier et dégradé » qu’il ne l’a montré dans Le Seigneur des Anneaux, et affirme que s’il avait tenté d’utiliser une langue plus proche de la réalité, elle aurait été « intolérablement dégoûtante et à peine compréhensible pour beaucoup de lecteurs. »9) Les Orques n’étaient cependant pas seuls à utiliser leur langue : les Trolls empruntèrent ce qu’ils pouvaient des dialectes utilisés par les Orques, à l’exception de la variété des Trolls de Pierre d’Eriador, qui employait « une forme avilie du parler commun. »10)
Dans une version précédente du Légendaire, la langue des Orques, appelée orquin ou orquien (angl. orquin ou orquian), leur fut enseignée par Morgoth lui-même, et était en partie d’origine valienne. « Mais ce parler qu’il enseignait, il l’avait sciemment perverti pour en faire quelque chose de malsain, comme il faisait de toutes choses, et la langue des Orques était hideuse et abjecte, totalement à l’opposé des langues des Qendi. »11)
|
e mágol est « l’une des langues mineures de Tolkien », également appelée mágo (quoique ce dernier nom puisse avoir été remplacé par mágol). Selon John Rateliff, « Tolkien envisagea à une époque en faire la langue orquienne, mais rejeta subséquemment cette idée. »12) Parmi les rares mots aujourd’hui attestés dans cette langue, on trouve lún « sombre(ur) »13), ainsi que Bolg « Fort », le nom du meneur des Gobelins à la Bataille des Cinq Armées14).
Il existe deux textes principaux traitant du mágol. Dans le plus tardif des deux, Tolkien semble clairement s’être inspiré du hongrois pour développer cette langue, tout en conservant une importante influence elfique. Ce texte contiendrait une grammaire et plusieurs notes phonologiques de Tolkien à propos de cette langue, mais celles-ci n’ont pas encore été publiées pour l’instant. Les locuteurs de cette langue ne sont pas mentionnés à l’intérieur de ce texte, mais la mention « Orque, orquien » fut ajoutée ultérieurement en haut du dactylogramme avant d’être biffée15).
D’après Patrick Wynne, « Dans le plus ancien des textes consacrés à cette langue, celle-ci est appelée mágo, et ressemble plus à l’adûnaïque qu’au hongrois ; ce même texte dit aussi que le “mágo ancien” était la langue des enfants de Húrin. »16)
Le terme magol « épée » est également attesté en noldorin (avec la variante magl, tous deux dérivés de la racine MAK- « épée » ou, en tant que radical verbal, « trancher », par l’intermédiaire du quendien primitif *makla). Cf. RP, p. 422.
|